Médecine personnalisée

L’avenir de la médecine conventionnelle, là où elle éliminera durablement toute concurrence contre laquelle elle semble se battre plus que pour le bénéfice des patients qui réclament des soins alternatifs, c’est la médecine personnalisée. C’est facile de partager ce rêve, car toute médecine douce, alternative ou complémentaire vise fondamentalement à cela. Bien-sûr, elle utilisera des modèles abstraits pour compenser l’inexactitude de certaines de ses visions, mais leur bénéfice commun est bien cela : offrir un traitement différencié avec le minimum d’effets adverses.

Voilà ce que dit le Dr Dan Roden de l’université Vanderbuilt, en guise d’introduction d’un cours sur le médecine personnalisée: « Nous savons que tous les patients ne bénéficieront pas des traitements médicaux et que les effets secondaires sont communs avec presque tous les traitements. Les études du milieu du 20ème siècle commencèrent à identifier les bases de la variabilité de la réponse aux traitements médicamenteux, et en particulier le rôle des facteurs génétiques dans cette variabilité. Le développement des nouvelles technologies pour comprendre la diversité génétique humaine a créé l’opportunité d’identifier comment certaines maladies apparaissent dans les familles et certains patients répondent très bien à un traitement médicamenteux tandis que d’autres développent des effets secondaires catastrophiques. Cette compréhension présente la possibilité de développer de nouveaux médicaments ciblant des mécanismes génétiques et moléculaires spécifiques de la maladie. »

Pour expliquer le principe de la médecine personnalisée, il reprend la théorie médicale classique, qui est en vigueur en naturopathie et en homéopathie : « il est plus important pour un médecin de connaître le malade que de connaître la maladie dont souffre le malade ». Et de citer William Osler, médecin canadien du 19ème siècle qui a créé le système de l’internat dans l’hôpital John Hopkins à Baltimore et qui a tenu à enseigner aux étudiants au chevet du malade plutôt que dans une salle de classe : « La variabilité est la loi de la vie, et de même que deux visages ne seront pas identiques, deux corps ne se ressembleront pas, deux individus réagiront et se comporteront différemment dans les conditions anormales que nous appelons maladie ». Tout bon homéopathe, acupuncteur et naturopathe serait d’accord avec cette analyse. Il aura fallu une centaine d’année pour commencer à entrevoir que la médecine se doit de se doter de certains principes, dont l’importance de faire parler les malades. Osler ajoutait d’ailleurs : « il suffit de faire parler le malade pour obtenir le diagnostic ». A une époque où le médecin interroge peu le malade, ne sait plus interpréter les symptômes et mise tout sur les analyses de laboratoire et l’imagerie médicale, ces mots font du bien. « Le bon médecin traite la maladie, le grand médecin traitera le malade qui a la maladie. » Encore un principe important qu’avait entrevu et formalisé Hahnemann, le père de l’homéopathie moderne.

Aujourd’hui, le médecine personnalisée utilise les nouvelles technologies, le Big Data, pour collecter et étudier l’ensemble des données relatives aux patients, reliées aux données issues des gènes, afin de définir le profil du patient et établir le traitement le plus adéquat. Fini donc les tempéraments hippocratiques, les diathèses et miasmes homéopathiques.
L’autre évolution, pour permettre l’individualisation du traitement, c’est la restriction du nombre de médicaments qu’un patient prendra afin de limiter les interactions inconnues entre molécules et les résultats inattendus. Encore une fois, c’est du bon sens, et la source des théories de l’homéopathie classique, appelée « uniciste » en France comme s’il existait une toute autre théorie fondamentale, définissait également ce principe (pour des raisons différentes).

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